Date published: 12/03/2019
Inflation du prix des condos au centre-ville?
12 mars 2019 - Le prix des condos au centre-ville de Montréal risque d’augmenter de 16 %, advenant qu’un règlement à venir sur l’inclusion des logements sociaux soit adopté, en vertu des critères actuellement connus.
C’est en ces termes que s’est exprimé le directeur stratégie et croissance du Groupe Altus, Vincent Shirley, qui a présenté hier les conclusions d’une étude. Celle-ci repose sur 1 140 analyses, dont les détails ont été dévoilés lors d’un événement organisé par l’Institut de développement urbain du Québec (IDU). Cet institut représente entre autres le lobby des promoteurs.
Inquiets
Certains promoteurs immobiliers ont été ébranlés par cette étude, relate La Presse. Pour Prével et Broccolini, un règlement mal conçu accentuera l’étalement urbain, en incitant les ménages et les promoteurs à migrer en banlieue, notamment dans l’ouest de l’île, à Laval et à Brossard, où se trouveront des stations du futur Réseau express métropolitain (REM). Ce règlement à venir n’existe pas dans ces territoires.
« Avec l'arrivée du REM, on va être en mesure d'habiter la Rive-Sud et de venir au centre-ville en 15 minutes, grâce à des trains qui passeront aux 90 secondes pendant les heures de pointe la matin. Le REM permet de vivre au centre-ville sans avoir à y habiter », a dit Roger Plamondon, président, développement immobilier et acquisitions chez Broccolini. D'où l'importance, selon lui, d'avoir les mêmes règles sur le territoire montréalais.
La promesse de Valérie Plante
Avant d’être élue, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a promis de construire 12 000 logements sociaux et abordables. Pour y arriver, elle veut bonifier la politique d'inclusion des logements sociaux, qui a fait ses preuves depuis 14 ans.
Actuellement, un promoteur doit inclure 15 % de logements sociaux et 15 % de logements abordables, si son projet d'au moins 100 unités déroge de façon importante au règlement d'urbanisme. Toutefois, un promoteur peut choisir de verser une contribution financière à la place.
La mairesse veut augmenter les cibles d'inclusion à 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % de logements familiaux (règlement 20/20/20). Ceux-ci (3 chambres, au moins 5 pièces et une superficie de 1033 pi2 et plus) peuvent faire partie des logements abordables et des logements sociaux. Tous les projets seraient visés, dont ceux de plein droit qui n'ont pas besoin d’une dérogation au règlement de zonage.
Anxiété dans l’industrie
« Encore aujourd'hui, la Ville laisse planer la possibilité d’imposer de nouvelles obligations pour des projets de plein droit, ce qui serait à nos yeux inacceptables s'il n'y avait pas de compensation. Ce genre de question demeurant ouverte, il y a effectivement une certaine anxiété dans l'industrie », a laissé entendre André Boisclair, PDG de l’IDU. Un zonage plus permissif permettant une plus forte densité serait une forme de compensation.
« Va-t-on encore être capable d'être abordable le jour où on va avoir une surcharge sur les projets, qui inévitablement va être transférée à l'acheteur ? Et est-ce qu'on va rester concurrentiel face aux banlieues, alors que ça va devenir si facile de se déplacer avec le REM ? », a affirmé Laurence Vincent, vice-présidente du Groupe Prével, qui a développé une expertise dans les logements destinés à ceux qui accèdent à la propriété dans les quartiers centraux.
Montréal, 12 mars 2019
Source : La Presse