6 janvier - La méfiance des compagnies d'assurance à l'égard de la copropriété québécoise a plusieurs conséquences, notamment sur le plan économique. Au premier chef des charges qui s’alourdissent figurent les primes d’assurance, qui font en sorte que le poste du budget relatif aux assurances s'en trouve sérieusement malmené. En fait, les dépenses qui y sont inhérentes ont littéralement explosé.
Les franchises exorbitantes sont un facteur aggravant, car elles signifient, ni plus ni moins, une insuffisance de couverture en cas de sinistre. Pour pallier cette situation, les cotisations spéciales réclamées aux collectivités de copropriétaires demeurent la seule option. Mais il y a pire encore: certains syndicats sont devenus orphelins, car certaines compagnies d'assurance ont décidé de ne plus les assurer.
Compte tenu d'une situation devenue alarmante, le RGCQ lance un appel à tous les syndicats de copropriétaires au moyen d'un sondage, lequel vise à mieux comprendre leur réalité au regard de l'assurance. Cela permettra ensuite d'interpeller le Bureau d'assurance du Canada (BAC) ainsi que la Chambre de l'assurance de dommages (ChAd).
Ce sondage ne demande aucun renseignement nominatif. Il pose néanmoins des questions précises touchant plusieurs volets propres aux copropriétés concernées, dont ceux concernant les produits d'assurance. Les réponses obtenues demeureront strictement confidentielles. Ledit sondage s’intéresse, entre autres, aux montants qu’un syndicat doit débourser pour s'acquitter de l'ensemble de ses primes annuelles. Il souhaite aussi à savoir quel est le montant de la franchise relative à l'assurance du bâtiment, incluant les parties communes et privatives? Et à combien s'élèvent les montants des couvertures pour certains risques spécifiques, par exemple ceux portant sur les dommages causés par l'eau, qui sont beaucoup trop nombreux au goût des assureurs. Les syndicats de copropriétaires auront jusqu’au 30 janvier prochain pour répondre à ce sondage.
"Les copropriétés sont actuellement livrées à elles-mêmes en matière d'assurance. Il faudra veiller à ce que l'avenir soit plus rose pour elles à ce chapitre, autrement, la valeur des immeubles québécois abritant des condos va chuter dramatiquement, affirme avec un sentiment d'urgence Yves Joli-Coeur, secrétaire général du RGCQ et auteur du livre L'assurance condo Tout ce qu'il faut savoir, publié aux éditions Wilson & Lafleur. Qui voudra acheter un appartement dans un immeuble qui n'est pas assuré, ou dans un autre où le coût des primes et des franchises est prohibitif? », se demande-t-il.
Dans un monde idéal, les assureurs devraient être obligés d'offrir une couverture d'assurance aux copropriétés, comme ils sont tenus de le faire à l'égard des conducteurs d'automobiles. Cette obligation aurait des répercussions bénéfiques, en ce sens qu'elle mettrait au pas les syndicats de copropriétaires récalcitrants, qui n'auraient dès lors d'autre choix que de maintenir leur immeuble en bon état. Ce sens des responsabilités accru entraînerait d'autres résultats positifs, notamment en ce qui a trait à la prévention des sinistres. La copropriété n'en serait que mieux servie et les assureurs y trouveraient leur compte. Mais pour l'heure, la copropriété québécoise semble coincée dans un cercle vicieux dont elle doit sortir à tout prix.
Précisons que les résultats de ce sondage seront dévoilés au Pavillon Condo de l’ExpoHabitation de Montréal, qui se tiendra du 5 au 8 février prochain au Stade olympique.
Montréal 6 janvier 2015