21 septembre 2016 — Une controverse sur fonds patriotique a récemment frappé un couple de copropriétaires niçois. La discorde a pris naissance en raison d’un drapeau français qui flottait sur leur balcon. Le syndic (gestionnaire d’immeuble) de copropriété Foncia a bien malgré lui déclenché cette querelle acrimonieuse, dont les proportions ont pris une ampleur insoupçonnée.
Excédés par la présence du drapeau, certains copropriétaires s’en sont plaints à Foncia. Ce dernier a donc demandé la suppression du drapeau à ses copropriétaires (M. et Mme Panicali), au moyen d’une missive. « Sachant que les activités sportives estivales sont terminées, nous vous serions reconnaissants de bien vouloir le déposer (le drapeau) afin d’éviter tout débordement », précisait notamment la lettre.
Loin de s’en laisser imposer, le couple a refusé d’obtempérer à cette demande. Il a publié la lettre qu’il a reçue sur son compte Facebook, qui était adressée au journal local Nice-Matin. Le message de Michèle Panicali a fini par enflammer la toile, puis s'est rendu sur Tweeter pour arriver jusqu’à Florian Philippot, vice-président du Front National. « Répondre au délire antipatriotique de Foncia en pavoisant nos immeubles, maisons : fiers à raison d’être français! », dira-t-il en guise de réaction.
« J’ai mis le drapeau quelques jours avant la finale de soccer. Et puis après, avec les attentats, on a fait comme à Paris, on a laissé le drapeau. Une personne de l’immeuble m’a téléphoné assez violemment pour me dire que c’était franchouillard, qu’il fallait que je l’enlève, que ça ne se faisait pas, qu’ils en avaient assez de la vue de celui qu’ils avaient à côté. J’ai dit non, je ne l’enlèverai pas », affirme Michèle Panicali. Elle ajoute avoir fait l’objet « d’attaques successives et de pressions », le 1er septembre sur Facebook, pour que le « drapeau de la discorde » soit enlevé.
Foncia a tenu à condamner l'intervention de sa représentante dans cette affaire, qui ne reflète en rien la politique du groupe, ont dit ses responsables. François Davy, président de Foncia, contactera personnellement la copropriétaire pour lui présenter ses excuses au nom du groupe.
Cette histoire nous rappelle qu’au Québec, la Cour suprême du Canada a statué, en copropriété, concernant les demandes d’accommodements raisonnables touchant la religion (Affaire des soukkas). Quant à cette controverse suscitée en raison d’un drapeau, elle pourrait susciter le débat dans le cadre des libertés politiques fondamentales, qui sont protégées par la Charte canadienne des droits et libertés.
Montréal, 21 septembre 2016
Source : Libération