Date de publication: 16/11/2018

Les condos font plusieurs victimes dans Saint-Henri

15 novembre 2018 — Le refrain est désormais bien connu : les pauvres s’appauvrissent et les riches s’enrichissent. Cette triste réalité est notamment vécue dans l’arrondissement Le Sud-ouest (Saint-Henri), où les conversions d’immeubles de logements locatifs se poursuivent à un rythme effréné, ce qui laisse craindre à plusieurs locataires qu’ils seront délogés.

Il s’en trouve déjà un certain nombre à avoir été victimes de cette vague irrépressible, dont plusieurs résidents qui sont nés dans ce quartier, mais que le phénomène appelé « embourgeoisement » n’a pas épargnés. Ce constat est rendu possible par des promoteurs qui achètent des immeubles résidentiels locatifs, pour ensuite les convertir en copropriétés.

Hillpark Residentiel acquiert des immeubles

Selon ce qu’a appris Radio-Canada, « Le nouveau propriétaire d’un immeuble situé sur la rue Saint-Augustin, dans l’arrondissement Le Sud-Ouest, cherche à évincer ses locataires pour transformer les logements en lofts. » Il s’agit du promoteur Hillpark Residentiel. En tout, deux immeubles comptant 14 unités, qui se trouvent sur cette rue, ont été acquis par cette entreprise pour la somme de 2,2 millions de dollars.

Johanne et sa mère, Lucille, 87 ans, ont commencé à faire leurs boîtes pour déménager, sans même savoir où elles pourront se reloger. « Je cherche des logements, mais il n’y en a pas à moins de 1 200 dollars par mois. Je n’ai plus les moyens d’habiter dans Saint-Henri. Je n’aurai donc pas le choix de sortir de Montréal », déplore Johanne.

4 000 dollars pour être évincés

Au total, « Hillpark Residentiel a acquis quatre immeubles du quartier pour 6 millions de dollars », d’ajouter Radio-Canada. Or, rentabiliser cet achat sera difficile, étant donné le prix des loyers mensuels, toujours selon Radio-Canada. Un cinq et demi s’y loue 750 $. « Pour précipiter le départ des locataires, l’entreprise leur propose 4 000 $, soit le minimum légal en cas d’éviction, ce qui équivaut à trois mois de loyer et le coût du déménagement », précise la société d'État.

Magda Popeanu, responsable de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, informe que rien ne peut être fait pour empêcher cela. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, confirme que la Ville n’a aucune prise sur les négociations entre un propriétaire et ses locataires. Tout est légal. « C’est toujours un drame lorsqu’on apprend qu’on devra déménager, a pour sa part répondu le maire de l’arrondissement Le Sud-Ouest, Benoit Dorais. Ça arrive trop souvent. »

À l'avenir, la Ville de Montréal pourra éviter ce genre de situation, en utilisant un nouveau pouvoir dont elle dispose depuis un mois. Grâce au droit de préemption, elle peut obtenir la priorité d’achat lorsqu’un immeuble est mis en vente, pour ensuite créer des logements sociaux ou abordables.

Par François G. Cellier pour Condolegal.com
Montréal, 16 novembre 2018
Source : Radio-Canada